mercredi 27 décembre 2006

Poutou au Tibet ou t'y pas bête ?

Salut à tous, j'espère que je ne vous ai pas trop manqué. Pardonnez ce long silence mais je me suis imposé une retraite au Tibet ( au passage, pas de nouvelles du panchen-lama ) pour réfléchir à l'utilité de mon blog. En effet, à ma grande surprise, le deuxième chapitre de mon étude consacré à la musique psychédélique a été un véritable fiasco : aucune réaction, aucun commentaire endiablé, mis à part évidemment les fans de la star academy. Bref, de quoi se poser des questions existentielles à l'approche du nouvel an. Après une semaine à sucer de la glace dans une crevasse à 6000 m d'altitude (au passage, je remercie personnellement le réchauffement de la planète grâce à qui j'ai pu accomplir mon séjour en chemise hawaïenne), je suis arrivé à une conclusion édifiante en comparant le nombre de commentaires de mes différents posts : ce n'est pas la musique psychédélique qui est en cause (ouf!). Ce n'est que mon blog et ça c'est plutôt une bonne nouvelle.

Conscient du problème, je me décidai donc à remonter la pente. Au propre comme au figuré puisque je me hissai d'abord en haut de la crevasse où je faisais le grand écart entre les deux parois de glace depuis bientôt huit jours (je sais quel athlète, malheureusement mon budget survie ne me permettait pas d'acheter un appareil numérique pour immortaliser mon exploit). Arrivé à Lhassa, je dus d'abord affronter des Chinois faméliques en uniforme qui voulait me prendre le drapeau tibétain que j'avais mis en bandeau autour de la tête. Je réussis pourtant à prouver ma bonne foi en leur montrant le petit livre rouge que j'avais apporté dans mes bagages (Mao est d'ailleurs sans conteste un plus grand auteur comique que Guy Montagné). Arrivé à l'aéroport, je dus affronter verbalement des touristes étrangers qui s'extasiaient devant les bienfaits de l'occupation chinoise à la terrasse du Mc Donald's. "Il ne faut pas oublier que le Tibet était une dictature religieuse avant l'arrivée des Chinois ... Et puis tous ceux qui parlent de génocide culturel exagèrent beaucoup ... La Chine est devenu un grand partenaire commercial avec qui il faut coopérer, cela permettra d'ouvrir le pays à nos principes démocratiques ... Et blablabla." Une remarque en passant au très cher Didier Reynders qui demande encore des sanctions exemplaires pour le "canular irresponsable" de la RTBF : il parle beaucoup moins de déontologie quand il s'agit d'aller parader en Chine et au Tibet pour trouver de nouveaux débouchés commerciaux au mépris de la moindre critique de la politique chinoise des droits de l'homme. Monsieur Reynders, je n'ai qu'un mot à vous dire : buffoon.

J'ai finalemant pris l'avion et après un voyage de 16 heures, je revis enfin notre beau pays calme. Revenu chez moi, je me décidai à prendre de bonnes résolutions : arrêter de traiter les gens de bouffons (même ceux qui le méritent), ne plus faire de propagande capitaliste en me moquant de la pensée philosophique de Mao et en doutant des bienfaits chinois au Tibet, et enfin, tenter d'écrire des posts intéressants, ludiques, drôles (surtout dans mes titres). Promis, l'année prochaine, vous lirez des chroniques passionnantes et de qualité. En attendant, vous vous contenterez de ce récit de voyage inventé et complètement burlesque (si, si, c'est mon avis). Bon réveillon quand même.

samedi 9 décembre 2006

Jefferson Airplane ou la baie bleue de San Francisco

Vu le succès qu'a connu mon post consacré à The Incredible String Band (il n'y a qu'à regarder le nombre de commentaires pour avoir une idée de l'ampleur du triomphe !), j'ai décidé de continuer le voyage (ou le trip comme on dit en anglais) à travers le mouvement musical psychédélique. Deuxième étape de notre escapade : le groupe mythique Jefferson Airplane. Un peu de cours d'anglais d'abord, cela ne peut faire de mal à personne. Donc, pour ceux qui ont quelques difficultés avec la langue de Chaquespéare, airplane veut dire avion. Jefferson, quant à lui, fut le troisième président des USA de 1801 à 1809. Qu'est-ce qu'on se cultive quand même avec mon blog ! Bref, pourquoi je vous dit tout ça ? Euh, attendez une seconde, ... ah oui parce que le nom du groupe n'a rien à voir avec ça. Le terme Jefferson Airplane est une expression provenant de l'argot américain et désignant l'utilisation d'une allumette usagée pour tenir un bout de joint afin de ne pas se brûler les mains (si quelqu'un peut m'expliquer l'intérêt de la manoeuvre, il est le bienvenu). Nom bien approprié pour un groupe psychédélique, me direz-vous ? Et bien, ce n'est pas du tout pour cette raison que le groupe s'est affublé d'un tel patronyme. Il s'agit plutôt d'une référence à un chanteur et guitariste de blues américain des années 20, à savoir Clarence "Blind Lemon" Jefferson.

Après cette introduction explicative qui valait son pesant de cacahuètes (pardonnez-moi mais j'adore ce genre d'expressions vieillottes), rentrons dans le vif du sujet. Jefferson Airplane fut créé en 1965 (l'année où la consommation de LSD fut interdite aux USA, quelle ironie !) dans les rues de San Francisco qui allait bientôt devenir la capitale mondiale du mouvement hippie. Le groupe connut des débuts mouvementés, notamment dans le choix des musiciens. Après avoir gentiment viré leur bassiste, le groupe se tourna vers un son résolument plus électrique, tout en gardant leur son folk et blues initial. Mais la renommée se faisait encore attendre. En 1966, l'arrivée d'une nouvelle chanteuse, Grace Slick, servit de détonateur au succès. Dotée d'une voix envoûtante, elle apporta également au groupe deux chansons qui allaient devenir de véritables hymnes du mouvement psychédélique, "White Rabbit" et "Somebody to Love". Grâce à elles, le deuxième album du groupe ("Surrealistic Pillow") connut un véritable succès. Quatre autres albums suivirent jusqu'en 1970, tous reconnus comme de véritables bijoux de rock psychédélique. Malheureusement, le groupe ne survécut pas à l'essoufflement général du mouvement hippie et l'avion Jefferson s'écrasa définitivement en 1972 (ceci est évidemment une métaphore, rien à voir avec la pause forcée du groupe Lynyrd Skynyrd).

Que retenir aujourd'hui de Jefferson Airplane ? D'abord et avant tout leurs chansons (ben oui, c'est un minimum pour un groupe de musique, non ?). Exemple parfait de la contre-culture de l'époque, leur musique sent bon le patchouli, l'herbe (celle qui est broutée par les vaches, bien sûr), et reflète l'optimisme de toute cette génération hippie de la fin des années 60. De plus, le groupe, disparaissant au même moment que le mouvement "flower power", représente la fin d'un rêve, d'une illusion qu'on n'a pas retrouvé depuis (mais où diable sont les hippies d'aujourd'hui ? à la Star Ac peut-être ?). Pourtant, qu'est-ce qui a fondamentalement changé aujourd'hui ? Oui, c'est vrai, il n'y a plus de guerres ni de Vietnam, toutes les dictatures ont disparu de la surface du globe, les USA, la Russie et l'Europe, pour ne citer qu'elles, sont devenues de véritables démocraties où plus aucun habitant ne souffre de quoi que ce soit (manger, se loger, s'instruire, etc). Pour terminer sur une note positive, je vous invite à écouter Classic 21 ce dimanche : entre 12 et 16h, une émission spéciale sera consacrée au festival de Woodstock. En plus d'anecdotes et de témoignages, seront diffusés des enregistrements live de tous les groupes et artistes présents au festival, notamment Jefferson Airplane et ... bien sûr The Incredible String Band. L'occasion rêvée donc pour découvrir ces groupes.

lundi 27 novembre 2006

Norman Mailer ou les vrais durs ne dansent pas

"Les vrais durs ne dansent pas", beau programme en perspective que le titre de cet ouvrage, me suis-je dit en tombant sur ce livre de poche. Et le résumé était tout aussi alléchant. Le héros, un écrivain raté que sa femme vient de quitter, se réveille un matin avec la gueule de bois et un tatouage inconnu au bras, sans le moindre souvenir de ce qui lui est arrivé la veille. Après avoir plus ou moins repris ses esprits, il découvre du sang dans sa voiture puis la tête coupée d’une femme blonde dans la planque où il cache d’ordinaire sa marijuana. Qui est cette femme et est-il l’assassin ? C’est pour répondre à ses deux questions qu’il va mener l’enquête. Mouais, allez vous dire, voilà le début d’un thriller au sujet assez banal. Mais ce mystère n’est en fait que le point de départ d’un livre original, passionnant et drôle. Ce qui, vous avouerez, sont plutôt des qualités intéressantes pour un bouquin.

Ecrit en 1984, ce livre m’a donc particulièrement enthousiasmé, et ce pour plusieurs raisons. En premier lieu, l’atmosphère du livre rappelle celle des grands polars américains des années 50, aux visages patibulaires, aux atmosphères ténébreuses, aux bars glauques, aux femmes fatales, et j’en oublie. Mais le génial Mailer transgresse allègrement les règles manichéennes du genre. Le héros n’est pas sans peur ni reproches, que du contraire, les flics ne sont pas les garants de la loi, les assassins ne sont pas plus dérangés que les autres, les hommes sont loin d’être des durs, manipulés bien souvent par des femmes aussi belles que dangereuses. Deuxième argument de choc, la galerie inouïe de personnages que l’on rencontre au cours de la lecture. A commencer par le narrateur, l’anti-héros Tim Madden, complètement dépassé par les évènements, alcoolique, désabusé, pathétique et j’en passe. Ou encore, son père dont la forte personnalité d’émigré irlandais vous hantera autant qu’il hante l’esprit de son fils. Que dire alors des personnages féminins, véritables symboles de la cause féministe ?

Outre les personnages, Mailer utilise un ton humoristique qui rend la lecture d’autant plus excitante. Enfin, sans tomber dans le cliché de la critique littéraire que je ne prétends pas écrire ici, le livre de Mailer est aussi la parodie d’une certaine bourgeoisie et d’une certaine société américaines. Pour résumer l’ouvrage que je vous conseille, reprenons la définition de la tragédie, donnée par un certain von Boberfeld (sûrement un allemand), et reprise dans le livre : « Coups mortels, désespoir, infanticide et parricide, incendie, inceste, guerres, insurrections, vagissements, hurlements, soupirs». Un magnifique programme, non ? Pour une oeuvre bien sûr !

samedi 25 novembre 2006

Coffee and Cigarettes ou les brèves de comptoir de Jim Jarmusch

Parmi les différents "genres" du cinéma, le film à sketches n'a pas vraiment la meilleure cote auprès du public et de la critique. Reposant en général sur plusieurs histoires tournant autour d'un même thème, il a surtout connu son heure de gloire avec la comédie italienne des années 50 ,60 et 70. Les plus grands noms s'y sont essayés, tels Fellini, Risi, Scola, Monicelli, Visconti, De Sica et j'en passe. Le genre a aussi eu ses aficionados en France, en Angleterre et aux USA, notamment Woody Allen et les sept sketches de "Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe sans jamais oser le demander", ou encore les Monty Python et leur "Sens de la vie". Sans intérêt, trop inégal (ce qui n'est absolument pas le cas des deux films que je viens de citer), le film à sketches doit affronter de nombreux reproches plus ou moins fondés selon les époques et les réalisations. Et ce n'est pas le projet Eros, réunissant en 2003 une plénitude de grands réalisateurs internationaux comme Soderbergh, Kar-Wai ou Antonioni, qui a su faire taire les critiques. Sur le thème du désir, le film est en fait un parfait exemple de ce qu'on reproche au genre : le pire y cotoie le meilleur, et surtout quel intérêt à réunir sur un même projet des réalisateurs, et donc des styles et des points de vue, aussi différents. Je serai tenté d'affirmer que tout l'intérêt vient de là mais ne contredisons pas de grands critiques de cinéma, ça les vexerait. Avec Coffee and Cigarettes, sorti en 2003, pas de problème de ce genre, un seul réalisateur (et lequel ! Jim Jarmusch en personne), un seul style, un seul point de vue.

Formé de 11 courts-métrages filmés en noir et blanc, Coffee and Cigarettes semble a priori un simple exercice de style, même s'il est réalisé de main de maître par Jim Jarmusch. Mais il s'agit surtout pour le cinéaste américain d'une occasion de jeter un regard en arrière et de poser un regard nostalgique sur son travail. Pour comprendre ce que je veux dire (rassurez-vous, même moi quelques fois, j'ai du mal à trouver un sens à ce que je dis), arrêtons-nous un instant sur les acteurs employés par Jarmusch dans les différentes parties de son film. De Roberto Begnini à Alfred Molina, d'Iggy Pop à Tom Waits (qui forment un tête-à-tête insolite et hilarant), de Steve Buscemi à Isaach de Bankolé, pour ne citer que les plus connus, tous ont un jour ou l'autre croisé le chemin du metteur en scène. Celui-ci a donc fait appel à sa grande famille d'acteurs pour ce projet qui paraît au premier abord, non sans intérêt (je n'oserais pas), mais sans grande finalité.

Le thème du film est ainsi très minimaliste : se succèdent devant la caméra quelques personnages discutant de choses et d'autres autour d'une table, buvant du café et fumant quelques cigarettes. Et pourtant (que la montagne est belle ... euh, non, merci quand même Jean), le film ne se limite à un projet idéal pour réunir les grands acteurs jarmuschiens (je sais, cela ne sonne pas bien mais alllez-y pour trouver un néologisme correct avec Jarmusch). Osons les grands mots, Coffee and Cigarettes est l'oeuvre d'une vie. Pour démontrer que je ne dis pas que des conneries, j'en apporte immédiatement la preuve. A l'origine du film, un court-métrage mettant en scène Begnini et Steven Wright, commande de la célèbre émission "Saturday Night Live" en ... 1986. Suivent ensuite un court-métrage de 1989 (avec Steve Buscemi) et un autre de 1993 (avec les deux stars de la musique Iggy Pop et Tom Waits). Les autres parties du film ont été tournées plus récemment. La réalisation du film est ainsi étalée sur plus de 15 ans. Coffee and Cigarettes est donc une sorte de journal de bord spontané qui ne se prend jamais au sérieux. Mais on y découvre, au fur et à mesure des différentes scènes, toutes les caractéristiques qui rendent le cinéma de Jarmusch si excitant et passionnant : tendance à montrer un quotidien étrange et décalé dans lequel errent des personnages marginaux et désabusés, importance de la musique, sens de l'humour et de l'esthétisme, minimalisme de la mise en scène et des situations, poésie dans la simplicité, etc. Bref, Coffee and Cigarettes est un peu la synthèse d'une vie, celle d'un réalisateur génial (pardonnez-moi mon enthousiasme, mais quand je lis ou j'entends les éloges dithyrambiques sur le cinéma d'Almodovar ou de Von Trier, pour ne citer que ceux-là, je trouve que le mot génie n'est pas de trop pour qualifier l'oeuvre de Jarmusch).

Dans un genre aussi difficile que celui du film à sketches, l'avant-dernier film de Jarmusch est donc une parfaite réussite : tous les sketches, sans exception, remportent la plus grande disctinction, même si l'on peut avoir ses préférences. Aidé d'une photographie somptueuse, d'un style parfait et d'acteurs merveilleux (j'espère que je n'en fais pas trop mais j'ai vraiment envie de partager mon enthousiasme), Coffee and Cigarettes est donc une parfaite réussite, un film subtilement décalé et drôle. Je ne peux donc que lancer ce vibrant appel : longue vie à Jarmusch, longue vie au film à sketches et merde à Almodovar et Von Trier (je sais, c'est une attaque totalement gratuite mais qu'est-ce que ça fait du bien).

vendredi 17 novembre 2006

The Incredible String Band ou une porte dans mon esprit

"I sed to search for happiness, And I used follow pleasure, But I found a door behind my mind, And that's the greatest treasure." Ces paroles de la chanson "October Song" de The Incredible String Band reflètent parfaitement l'état dans lequel je suis lorsque j'écoute le deuxième album de ce groupe méconnu (intitulé "The 5000 Spirits or the Layers of the Onion", rien que le titre vaut déjà le détour). Oui, je découvre à chaque fois une porte dans mon esprit, une porte permettant d'accéder à l'allégresse et à l'extase, tout ça grâce aux bienfaits de ... la musique de The ISB (non, ce n'est ni l'usage de substances illicites, ni la participation à un congrès du parti socialiste belge qui me mettent dans un tel état). Mais de qui s'agit-il ? Formé en 1965 par trois musiciens écossais de folk, le groupe sort un premier album éponyme l'année suivante. Remarqué par Bob Dylan himself (je sais que pour certains, ce n'est pas signe de qualité), cet album étonne déjà par son originalité, la richesse de ses mélodies et de ses instruments, ainsi que par ses voix troublantes. Album encore profondément folk classique, il porte les prémisses de la folie musicale du deuxième opus. A la sortie de celui-ci en 1967, The ISB lance le grand mouvement psychédélique du folk britannique et bientôt mondial. En d'autres mots, l'acid folk est né.

J'arrête un instant cette éloge d'un de mes albums préférés pour faire une mise au point à propos de l'acid folk. Je m'excuse d'ailleurs immédiatement pour le ton encyclopédique de ce qui va suivre mais imaginez-vous que cela est raconté par Marc Ysaye, le célèbre animateur de Classic 21, et passionant l'explication sera ou pas (oui, un petit hommage à Yoda ne fait jamais de mal, même si mal placé qu'il soit). L'acid folk (je préfère personnellement employer le terme psychédélique) est donc la rencontre entre la musique folk et l'acid rock ou pop. Pour résumer, le folk psychédélique mélange la guitare séche avec de nombreux autres instruments acoustiques (sitar, harpe, violon, flûte, banjo, etc). Comportant bien souvent des influences de musique orientale, l'ensemble donne une musique harmonieuse, aérienne, voire atmosphérique (en très caricatural, vous imaginez les grandes envolées de Pink Floyd en acoustique). Portés par des voix douces ou en transe, les textes parlent de sujets universels comme la nature, l'amour et la beauté du monde (des thèmes hippies, quoi!) et essaient de créer un état d'esprit associé aux effets de certaines drogues hallucinogènes, comme ... l'acide. Mais rassurez-vous, il n'est pas nécessaire d'absorber de telles substances pour éprouver une quelconque expérience à l'écoute de cette musique. La preuve avec le deuxième album de The Incredible String Band qui comporte toutes les caractéristiques de l'acid folk (normal, me direz-vous, puisque c'est l'un des albums fondateurs du genre).

Robin Williamson et Mike Heron, les deux leaders du groupe et principales voix de l'album, nous proposent une suite de chansons plus "féériques" les unes que les autres, pleines d'images et de couleurs, influencées bien évidemment par le folk mais aussi par le blues, la country et des musiques orientales. Le tout est réhaussé par une recherche constante d'inventivité, les mélodies étant à la fois fort simples et fort complexes. L'album est ainsi parsemé de moments magiques, découverts et appréciés à chaque nouvelle écoute. L'utilisation d'instruments divers et variés, tels la flûte, le sitar ou le violon, renforce le sentiment de pénétrer dans une autre dimension le temps de l'album. Cerise sur la gâteau, la pochette est aussi psychédélique que la musique, tableau babacool et exotique hypnotisant l'oeil. Bref, rien que du bonheur. Je ne peux donc que vous conseiller cet album qui passa inaperçu au moment de sa sortie, malheureusement éclipsé par l'immense succès du "Sgt. Pepper" des Beattles. Il fallut attendre l'année 1968 et la sortie de leur troisième album, "The Hangman's Beautiful Daughter", pour que le groupe connaisse le succès et la reconnaissance tant mérités.

dimanche 12 novembre 2006

Akoibon ou le murmure d'espoir d'un desesperated man

"C'est un aquoiboniste, un peu trop idéaliste, qui dit toujours à quoi bon, à quoi bon". Au premier abord, ces paroles de Serge Gainsbourg pourraient caractériser le second film d'Edouard Baer. Même s'il ne répond pas aux attentes du spectateur regardant une "comédie", le début du film peut apparaître comme normal, voir banal. Deux petits escrocs, Nader et Christophe, sont emmenés de force par deux gros bras de la maffia. Leur chef (qui n'est autre que Jeanne Moreau) demande à Nacer de se rendre sur l'île d'un certain Chris Barnes (joué par Jean Rochefort) et de l'attirer sur la plage. Pour sauver son ami gardé en otage, Nacer ne peut qu'accepter. Jusque là, vous allez me dire, c'est franchement navrant, on dirait le début d'une comédie à la Clavier, voire d'un film d'action à la Steven Seagal (sauf que le héros n'aurait sûrement pas un prénom comme Nacer, attribué plutôt à un méchant, genre Nacer Arafat). En tout cas, ça ne donne pas envie d'en savoir la suite. Et bien, détrompez-vous, une fois le cher Nacer embarqué sur le bateau qui le mène à l'île, le film part ... dans un délire d'absurdité inauguré par l'apparition de Jean-Bernard Ollivier, le narrateur, et de Daniel (joué par Baer lui-même), personnage sorti tout droit d'une comédie à l'italienne, ayant quitté femme et enfant (11 ou 12, il ne s'en rappelle pas très bien, pas plus que leur prénom d'ailleurs) pour rencontrer Betsy, la fille de Chris Barnes, avec qui il a parlé de George Moustaki sur le net.

Sur l'île, désertée pour cause de lieu d'expérimentations miliatires, Nacer et Daniel vont rencontrer des personnages plus barrés les uns que les autres. L'intrigue anarchique n'est là, pense-t'on, que pour montrer cette galerie de personnages loufoques et une suite de situations plus absurdes les unes que les autres. Le jeu des acteurs est poussé jusqu'à la limite du ridicule. Prenons l'exemple le plus frappant : le jeu de Benoit Poelvoorde est trop proche de celui de son rôle des "Randonneurs", il en est même une caricature ridicule. Alors, erreur de casting? Ratage de l'acteur belge mal dirigé par Baer? Et bien, aucun des deux. Il s'agit s'implement d'un choix délibéré et assumé. Poelvoorde porte ainsi une tenue de randonneur, sans logique aucune avec son rôle. Mais surtout, ce sont les commentaires de sa femme, jouée par la toujours sublime Chiara Mastroianni, qui nous éclairent sur l'autodérision de Poelvoorde et des autres acteurs : elle lui répète sans cesse qu'elle n'arrive pas à croire à ses colères trop explosives pour être vraies. Plus tard, elle lui avoue même qu'elle simule depuis quelques temps lorsqu'elle ... joue avec lui. Dès le début, la mise en abîme du film est annoncée par le narrateur, Jean-Beranrd Ollivier, qui parle directement à la caméra. Au milieu du film, Chris Barnes marque cette mise en abîme en refusant plus longtemps de continuer à jouer dans le film. Cette deuxième partie va ainsi apparaître comme un aveu du réalisateur sur son film impossible à réaliser, une perte de confiance en ses capacités mais surtout dans la comédie en tant que genre cinématographique du cinéma français. A quoi bon essayer de continuer un film si mauvais, semble se dire Jean Rochefort et les autres acteurs. Il n'en est évidemment rien. D'abord et avant tout, parce qu'une fois l'illusion de la fiction initiale brisée, une seconde apparait. En effet, les acteurs ne vont pas jouer leur propre rôle mais bien d'autres personnages, à savoir des acteurs se révoltant contre le système en faisant capoter le film qu'ils sont en train de tourner.

Par ce procédé, Edouard Baer n'a-t'il voulu faire qu'une simple figure de style, assez originale certes, mais qui n'apporte pas grand chose au propos du film? Ou bien, plus vraisemblablement, a-t'il voulu dénoncer les dérives d'une certaine comédie à la française, de plus en plus formatée par et pour la télévision? Ce que je retiendrai du film, outre son non-sens, sa folie, c'est surtout la touche d'espoir qui finit le film par l'intermédiaire de ... George Moustaki et de sa chanson "Et pourtant dans le monde", chant de liberté et de révolution. Non, Edouard Baer n'est pas desespéré, il veut nous montrer qu'un autre cinéma est possible et le prouve. Il nous livre un film , certes absurde et peut-être difficile à regarder pour certains, mais qui parvient à nous faire réfléchir sur certaines questions. Il réussit également à nous émouvoir à la fin du film, une émotion plus vraie et moins artifielle que n'importe quelle comédie dramatique à la sauce hollywoodienne. Un grand bravo donc à Edouard Baer.

mercredi 8 novembre 2006

Pourquoi ce titre mystérieux ?

Pour tous ceux qui ne sont pas dans les secrets des dieux, vous vous demandez sans doute ce que veut dire le mot "poutou". Je vais donc tâcher de vous éclairer. Ce surnom, puisqu'il s'agit bien de ça, m'a été donné au cours d'une soirée bibitive par quelques copains éméchés qui ne savaient plus prononcer correctement mon prénom. Dans leur effort désespéré pour se faire comprendre, ils ont donc réussi à trouver un terme assez enfantin, à savoir le poutou. Depuis cette funeste soirée, une théorie, que dis-je une légende, s'est développée autour de ce nom. Le poutou est donc devenu une créature, mi-homme, mi-animal des bois, dont le plus proche cousin est le célèbre Chewbacca, celui de la guerre des étoiles. Parait-il que je lui ressemble quand j'ai les cheveux longs. Oui, je sais c'est pas très flatteur mais cela aurait pu être pire : j'aurais pu ressembler à Elephant Man, à Michel Daerden ou à Robbie Williams (je m'excuse auprès des fans de Michel, c'est vrai que ce n'est pas très gentil de le mettre dans cette liste). Bref, je suis un poutou et, comme vous le voyez sur la photo, un poutou digne de ce nom (jeune sur le cliché, je l'avoue), ça va boire dans un point d'eau avec plein de rochers. Il existe bien sûr d'autres photos de cette créature mais l'auteur du blog refuse catégoriqement de les publier. Voilà donc pour l'explication du poutou. Et la suite, me direz-vous ? Et bien, bande d'incultes, il s'agit d'un hommage à un célèbre écrivain et à ses non moins célèbres mousquetaires. Il s'agit surtout d'un bête jeu de mot mais qui peut devenir, grâce au talent indéniable que je vais développer dans l'écriture de ce blog (et je sens que c'est déjà bien parti), un cri de ralliement célèbre parmi mes futurs et nombreux admirateurs.

mardi 7 novembre 2006

Pourquoi créer mon propre blog ?

A vrai dire, la réponse à cette question est assez compliquée. Franchement, je ne sais pas vraiment. Peut-être pour partager mes goûts en matière de musique, de cinéma, de littérature, de philosophie de vie (ah! Tout de suite les grands mots) et que sais-je encore. Mais cette explication est trop simpliste. Et puis je suis trop modeste pour espérer croire que quelqu'un puisse s'intéresser à mes opinions. Mais pourquoi alors ? Ce blog est en fait la dernière tentative de retrouver mon goût pour l'écriture. Cela fait maintenant près de deux ans que je n'écris plus rien, pour diverses raisons qu'il serait trop long d'expliquer ici. Alors, puisse ce blog m'apporter l'envie d'écrire, tout simplement.