dimanche 25 février 2007

The Blues Magoos ou cinq garçons dans le trip

Dans le cadre des mes recherches sur la musique psychédélique des années 60 et 70, j'ai découvert sur internet il y a quelques mois un groupe qui m'a tout de suite captivé, les Blues Magoos. Enthousiaste, j'allais acheter un album du groupe. Mais je me calmai bien vite : aucun moyen de tomber sur eux (sur un CD hein, pas sur le groupe lui-même) dans les rayons des grands magasins de la capitale. Tout penaud, je décidai d'aller à la médiathèque la plus proche pour enfin atteindre ma quête. Encore une fois pas de veine, rien à la médiathèque (merci Fadila Laanan ! Je sais elle n'y est pour rien mais ça me calme). Je me résignai donc (j'espère que vous avez remarqué que c'est le troisième verbe que je conjugue au passé simple depuis le début) et oubliai pendant quelques temps ce groupe précurseur du psychédélisme musical. Mais cette semaine, en furetant à la F... de Liège pendant ma demi-heure de pause, je découvris avec surprise et une certaine pointe de délectation les deux premiers albums des Blues Magoos dans le rayon consacré à des groupes de rock obscurs et oubliés. Que des Bruxellois arrogants viennent encore me dire qu'il ne se passe jamais rien en province. Bref, tout content, je les ai achetés en maudissant l'esprit tellement étroit de ces pauvres gens imbus de leur ville.

Première constatation : la réédition des albums est très bien faite. De plus, le programme était très alléchant. Rien que les titres excitaient mon esprit malade : Psychedelic Lollipop et Electric Comic Book. Avouez quand même que ce n'est pas mal. Le design général est d'ailleurs dans l'esprit direct des ces titres, ce qui provoqua chez moi un sentiment proche de l'extase (et je vous rappelle que je ne prends aucune substance en écoutant cette musique). Enfin et surtout (c'est quand même le plus important), le début du premier album (sorti en 1966) est tout simplement fabuleux. Les trois premiers morceaus sont hallucinants et méritent de figurer dans le panthéon du rock, rien que ça. Pour ceux qui veulent découvrir la musique psychédélique de cette époque, je leur conseille d'ailleurs de commencer par l'écoute de ces morceaux. Le reste de l'album est tout aussi jouissif et n'a pas pris une seule ride. C'est moderne, visionnaire et psychédélique (cette dernière remarque est très étonnante, non ?), avec un côté musique de garage qui n'est pas pour me déplaire. Et le deuxième album est de la même substance avec des bonus inoubliables comme une reprise de Jingle Bells ou encore la représentation musicale de l'enfer de Dante. En un mot, je n'ai pas été déçu et je ne peux regretter que la carrière trop courte du groupe, cinq ans et cinq albums. Je ne peux donc que vous conseillez l'achat de ces albums. Enfin, si vous les trouvez évidemment.

Le travail ou la honte

Je l'avoue tout de suite, je n'avais plus l'envie d'écrire depuis quelques temps, et ce pour des raisons diverses et variées que je ne développerai pas ici. L'une est cependant très simple : je travaille depuis deux semaines. Je n'ai donc plus des journées entières de chômeur pour réfléchir à des sujets intéressants et composer des textes passionnants et passionnés (hum, hum). Ce qui explique donc en partie mon silence. Ah, le travail, quel joie ! Depuis que j'ai trouvé, je baigne dans un état à la fois d'euphorie et de béatitude. Pourquoi cet état ? Et bien, je me sens déjà beaucoup mieux dans ma peau, je ne vis plus avec l'angoisse permanente de ne pas avoir de boulot. Je n'ai plus à supporter les remarques désobligeantes de personnes (j'espère qu'ils se reconnaitront) disant derrière mon dos des conneries du style : s'il ne trouve pas de travail, c'est qu'il ne cherche pas vraiment. Bande de cons ! Je vous envoie d'ailleurs officiellement mes insultes les plus plates. Bref, pour résumer en un mot, depuis que je ne suis plus chômeur, mon statut social s'est nettement amélioré, à mes yeux et aux yeux des autres. J'en suis d'ailleurs très content. Et, c'est là, quand j'y réfléchis un peu, que je me dis qu'il y a un problème profond dans la société dans laquelle nous vivons.

Pourquoi avais-je honte de ne pas travailler depuis longtemps ? Etait-ce vraiment si humiliant que ça ? Une société où le fait de ne pas travailler est considéré comme un délit grave est une société qui ne tourne pas rond. Enfin, c'est mon point de vue. Pourquoi le travail (j'entends évidemment par ce mot l'activité rémunérée) est le principal objectif de (sur)vie de milliards de gens sur terre ? Parce qu'ils font gagner de l'argent, me diront les plus capitalistes d'entre vous. Ouais, excusez-moi, mais cela ne me suffit pas comme explication, d'autant plus que le problème pourrait être très facilement réglé en abolissant l'argent de la surface de la terre. Mais je ne veux pas entrer pour le moment dans ce long débat. Je voulais juste dire que, depuis que je travaille, je suis à la fois très heureux et très malheureux d'être heureux. Si vous ne comprenez pas, allez rejoindre mes "amis" qui doivent sûrement trouver d'autres conneries à dire sur mon dos, du genre : s'il a accepté ce travail, c'est qu'il n'a vraiment aucune ambition dans la vie. Que dire à des gens dont l'unique préoccupation est leur petite gueule et leur statut social ? Moi, en tout cas, je n'ai rien à leur dire.

samedi 10 février 2007

Eiffel ou le rock français n'est pas encore mort

Depuis que le chanteur de Noir Désir a pris ses quartiers d'hiver, entraînant par la même occasion son groupe dans un état d'hibernation avancé (vous apprécierez la sobriété que je mets dans l'introduction de mon sujet, j'aurais pu être beaucoup plus lourd et parler par exemple des steppes lituaniennes), on se demande (en tout cas, moi) ce que devient le rock français sans sa locomotive. Que ceux qui vont me dire que Kyo est heureusement apparu dans le paysage musical français peuvent immédiatement quitter ce blog et aller regarder une chaîne musicale française, Musique souvent Conne et Merdique (vous pouvez me huer, là). Je ne veux pas être méchant (je suis déjà bête, ça suffit amplement) mais Kyo est au rock ce qu'est Agatha Christie à la littérature érotique, un mauvais exemple. Bref, avant de me faire traiter d'élitiste allergique à la musique populaire (je vous exprimerai un jour toute mon admiration pour le chanteur qu'était Joe Dassin), revenons à notre sujet qui est donc le rock français actuel. je ne parlerai pas ici du phénomène Dionysos. leur talent est déjà largement connu et reconnu. En dire davantage serait au-delà du mien. Allez, je vais quand même crier que leur dernier album est à tomber les oreilles (j'ai un doute sur l'existence réelle de cette expression) et que leur reprise de Thank you Satan de Léo Ferré est un chef d'oeuvre. D'autres exemples de groupe rock ne me viennent pas immédiatement à l'esprit mais ils ne sont pas pléthoriques. Comme on dit chez nous, la qualité vaut mieux que la quantité. Et de la qualité, Eiffel en regorge. Je parle bien sûr du groupe de rock et non du dénommé Gustave, ingénieur de son état.

Formé en 1998, le groupe compte déjà quatre albums à son actif, dont le dernier, intitulé Tandoori, vient de sortir. Voilà un groupe qui a parfaitement choisi son nom. Je m'explique : leur musique, tout à la fois puissante et légère, fait penser à la tour du même nom, à la fois lourdement métallique et pourtant tellement aérienne avec cette forme d'élévation vers le ciel (il faudrait que je me calme avec mes envolées lyriques, ça devient n'importe quoi). Leur style est donc un mélange de rock brut et sale (il faut absolument les entendre en concert), de mélodies envoutantes, de textes sombres, le tout transcendé par la voix hypnothisante du chanteur Romain Humeau. Il est d'ailleurs intéressant de savoir que celui-ci a composé les arrangements de cordes de la chanson Des visages des figures, tiré du dernier album de ... Noir Désir (ah, on vient de me dire que ce n'était pas intéressant du tout). En conclusion, je vous conseille donc vivement la découverte de ce groupe majeur de la musique française actuelle (remarque en passant, leur site officiel est très bien fait et fort intéressant, lui).