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lundi 12 novembre 2007

Transformers et cie ou une éclaircie dans la grisaille d'août

Remarque pré-post (mon premier jeu de mots est de très haut niveau) : attention, la phrase d'introduction de ce nouveau post est d'une banalité alarmante. Veuillez m'en excusez par avance. Cela fait très longtemps que je n'ai plus écrit, il me faut donc un petit temps d'adaptation à mon style si personnel (et si original ..., pffff n'importe quoi !) d'écriture. Et puis, cela va m'aider à mettre en avant mon corps de texte qui n'en sera que plus brillant (et hop, je compose des alexandrins maintenant). Donc, place au talent et que les mots fassent leur oeuvre bienfaitrice.

Ah, les vacances, c'est trop génial ! Et le mauvais temps que tout le monde autour de moi n'arrêtait pas de maudire n'est pas parvenu à calmer mon enthousiasme estival. Je dirais même que l'absence d'un soleil de plomb et d'une chaleur assommante n'ont fait qu'augmenter mon plaisir. Et oui, désolé de ne pas aimer transpirer toute la journée et chercher désespérément le sommeil dans un lit moite (et sans moitié, ça n'arrange rien)! Bref, que du bonheur (ou presque). Outre la possibilité de pouvoir rester dans le dit lit frais jusqu'à des heures tardives, je me devais de trouver d'autres activités aussi stimulantes. Je me décidai donc à rattraper mon retard en heures plongées dans une salle obscure. Je dus d'abord passer outre certain de mes principes, à savoir acquérir une carte de cinéma. Accablé par ma honte de petite merde capitaliste que je suis (je sais, j'exagère un peu) et muni de mon précieux sésame, je m'offris un grand festin de films estivaux. Et qui dit cinéma d'été, dit daube salée (c'est nul mais ça rime, tout est bon pour la frime). C'est en tout cas dans cet état d'esprit que je me fis une joie d'aller voir l'adaptation de Transformers.

Ouais, ok, ça fait pas très cinéphile de faire un post dedié à la critique d'un gros blockbuster mais je suis pas non plus obligé de faire à chaque fois oeuvre artistique et visionnaire (non, mon cou est à la bonne taille) dans ce blog. Bref, qu'est-ce que je voulais dire en fait, ah oui, ce fut une bonne surprise. Sans être fin, le scénario tient la route et ne laisse pas cette impression tellement répandue de nos jours qu'on se fout de notre gueule. Les effets spéciaux sont époustouflants et réussissent à nous faire croire à la véracité des "hérobots" (je précise que ceux qui souhaitent suivre des cours de néologisme foireux sont les bienvenus chez moi). Contrairement à la plupart des films du genre, tout ne repose pas sur les effets et la cause des acteurs (je me demande si mes vacances ont été si reposantes que ça) est largement suivie par le réalisateur. Mais le petit plus qui fait basculer ce film de la case de gros divertissement navrant à celle de bon film est la touche d'humour qui allège la trame (pas du métro mais de l'histoire) et rend le propos absolument pas sérieux. La conclusion (qui a dit enfin ?) est donc limpide : pas un grand film enrichissant (sauf pour les producteurs évidemment, ah, ah) mais deux heures agréables et stimulantes. On pourrait chicaner sur certains aspects de l'histoire mais bon, dans l'ensemble, on évite la bonne grosse morale américaine (voir Disney) de fin, ce qui est trop rare pour ne pas le souligner. Voilà, je vous laisse ici et vais me reposer après avoir mis fin à de long mois de silence.

samedi 25 novembre 2006

Coffee and Cigarettes ou les brèves de comptoir de Jim Jarmusch

Parmi les différents "genres" du cinéma, le film à sketches n'a pas vraiment la meilleure cote auprès du public et de la critique. Reposant en général sur plusieurs histoires tournant autour d'un même thème, il a surtout connu son heure de gloire avec la comédie italienne des années 50 ,60 et 70. Les plus grands noms s'y sont essayés, tels Fellini, Risi, Scola, Monicelli, Visconti, De Sica et j'en passe. Le genre a aussi eu ses aficionados en France, en Angleterre et aux USA, notamment Woody Allen et les sept sketches de "Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe sans jamais oser le demander", ou encore les Monty Python et leur "Sens de la vie". Sans intérêt, trop inégal (ce qui n'est absolument pas le cas des deux films que je viens de citer), le film à sketches doit affronter de nombreux reproches plus ou moins fondés selon les époques et les réalisations. Et ce n'est pas le projet Eros, réunissant en 2003 une plénitude de grands réalisateurs internationaux comme Soderbergh, Kar-Wai ou Antonioni, qui a su faire taire les critiques. Sur le thème du désir, le film est en fait un parfait exemple de ce qu'on reproche au genre : le pire y cotoie le meilleur, et surtout quel intérêt à réunir sur un même projet des réalisateurs, et donc des styles et des points de vue, aussi différents. Je serai tenté d'affirmer que tout l'intérêt vient de là mais ne contredisons pas de grands critiques de cinéma, ça les vexerait. Avec Coffee and Cigarettes, sorti en 2003, pas de problème de ce genre, un seul réalisateur (et lequel ! Jim Jarmusch en personne), un seul style, un seul point de vue.

Formé de 11 courts-métrages filmés en noir et blanc, Coffee and Cigarettes semble a priori un simple exercice de style, même s'il est réalisé de main de maître par Jim Jarmusch. Mais il s'agit surtout pour le cinéaste américain d'une occasion de jeter un regard en arrière et de poser un regard nostalgique sur son travail. Pour comprendre ce que je veux dire (rassurez-vous, même moi quelques fois, j'ai du mal à trouver un sens à ce que je dis), arrêtons-nous un instant sur les acteurs employés par Jarmusch dans les différentes parties de son film. De Roberto Begnini à Alfred Molina, d'Iggy Pop à Tom Waits (qui forment un tête-à-tête insolite et hilarant), de Steve Buscemi à Isaach de Bankolé, pour ne citer que les plus connus, tous ont un jour ou l'autre croisé le chemin du metteur en scène. Celui-ci a donc fait appel à sa grande famille d'acteurs pour ce projet qui paraît au premier abord, non sans intérêt (je n'oserais pas), mais sans grande finalité.

Le thème du film est ainsi très minimaliste : se succèdent devant la caméra quelques personnages discutant de choses et d'autres autour d'une table, buvant du café et fumant quelques cigarettes. Et pourtant (que la montagne est belle ... euh, non, merci quand même Jean), le film ne se limite à un projet idéal pour réunir les grands acteurs jarmuschiens (je sais, cela ne sonne pas bien mais alllez-y pour trouver un néologisme correct avec Jarmusch). Osons les grands mots, Coffee and Cigarettes est l'oeuvre d'une vie. Pour démontrer que je ne dis pas que des conneries, j'en apporte immédiatement la preuve. A l'origine du film, un court-métrage mettant en scène Begnini et Steven Wright, commande de la célèbre émission "Saturday Night Live" en ... 1986. Suivent ensuite un court-métrage de 1989 (avec Steve Buscemi) et un autre de 1993 (avec les deux stars de la musique Iggy Pop et Tom Waits). Les autres parties du film ont été tournées plus récemment. La réalisation du film est ainsi étalée sur plus de 15 ans. Coffee and Cigarettes est donc une sorte de journal de bord spontané qui ne se prend jamais au sérieux. Mais on y découvre, au fur et à mesure des différentes scènes, toutes les caractéristiques qui rendent le cinéma de Jarmusch si excitant et passionnant : tendance à montrer un quotidien étrange et décalé dans lequel errent des personnages marginaux et désabusés, importance de la musique, sens de l'humour et de l'esthétisme, minimalisme de la mise en scène et des situations, poésie dans la simplicité, etc. Bref, Coffee and Cigarettes est un peu la synthèse d'une vie, celle d'un réalisateur génial (pardonnez-moi mon enthousiasme, mais quand je lis ou j'entends les éloges dithyrambiques sur le cinéma d'Almodovar ou de Von Trier, pour ne citer que ceux-là, je trouve que le mot génie n'est pas de trop pour qualifier l'oeuvre de Jarmusch).

Dans un genre aussi difficile que celui du film à sketches, l'avant-dernier film de Jarmusch est donc une parfaite réussite : tous les sketches, sans exception, remportent la plus grande disctinction, même si l'on peut avoir ses préférences. Aidé d'une photographie somptueuse, d'un style parfait et d'acteurs merveilleux (j'espère que je n'en fais pas trop mais j'ai vraiment envie de partager mon enthousiasme), Coffee and Cigarettes est donc une parfaite réussite, un film subtilement décalé et drôle. Je ne peux donc que lancer ce vibrant appel : longue vie à Jarmusch, longue vie au film à sketches et merde à Almodovar et Von Trier (je sais, c'est une attaque totalement gratuite mais qu'est-ce que ça fait du bien).

dimanche 12 novembre 2006

Akoibon ou le murmure d'espoir d'un desesperated man

"C'est un aquoiboniste, un peu trop idéaliste, qui dit toujours à quoi bon, à quoi bon". Au premier abord, ces paroles de Serge Gainsbourg pourraient caractériser le second film d'Edouard Baer. Même s'il ne répond pas aux attentes du spectateur regardant une "comédie", le début du film peut apparaître comme normal, voir banal. Deux petits escrocs, Nader et Christophe, sont emmenés de force par deux gros bras de la maffia. Leur chef (qui n'est autre que Jeanne Moreau) demande à Nacer de se rendre sur l'île d'un certain Chris Barnes (joué par Jean Rochefort) et de l'attirer sur la plage. Pour sauver son ami gardé en otage, Nacer ne peut qu'accepter. Jusque là, vous allez me dire, c'est franchement navrant, on dirait le début d'une comédie à la Clavier, voire d'un film d'action à la Steven Seagal (sauf que le héros n'aurait sûrement pas un prénom comme Nacer, attribué plutôt à un méchant, genre Nacer Arafat). En tout cas, ça ne donne pas envie d'en savoir la suite. Et bien, détrompez-vous, une fois le cher Nacer embarqué sur le bateau qui le mène à l'île, le film part ... dans un délire d'absurdité inauguré par l'apparition de Jean-Bernard Ollivier, le narrateur, et de Daniel (joué par Baer lui-même), personnage sorti tout droit d'une comédie à l'italienne, ayant quitté femme et enfant (11 ou 12, il ne s'en rappelle pas très bien, pas plus que leur prénom d'ailleurs) pour rencontrer Betsy, la fille de Chris Barnes, avec qui il a parlé de George Moustaki sur le net.

Sur l'île, désertée pour cause de lieu d'expérimentations miliatires, Nacer et Daniel vont rencontrer des personnages plus barrés les uns que les autres. L'intrigue anarchique n'est là, pense-t'on, que pour montrer cette galerie de personnages loufoques et une suite de situations plus absurdes les unes que les autres. Le jeu des acteurs est poussé jusqu'à la limite du ridicule. Prenons l'exemple le plus frappant : le jeu de Benoit Poelvoorde est trop proche de celui de son rôle des "Randonneurs", il en est même une caricature ridicule. Alors, erreur de casting? Ratage de l'acteur belge mal dirigé par Baer? Et bien, aucun des deux. Il s'agit s'implement d'un choix délibéré et assumé. Poelvoorde porte ainsi une tenue de randonneur, sans logique aucune avec son rôle. Mais surtout, ce sont les commentaires de sa femme, jouée par la toujours sublime Chiara Mastroianni, qui nous éclairent sur l'autodérision de Poelvoorde et des autres acteurs : elle lui répète sans cesse qu'elle n'arrive pas à croire à ses colères trop explosives pour être vraies. Plus tard, elle lui avoue même qu'elle simule depuis quelques temps lorsqu'elle ... joue avec lui. Dès le début, la mise en abîme du film est annoncée par le narrateur, Jean-Beranrd Ollivier, qui parle directement à la caméra. Au milieu du film, Chris Barnes marque cette mise en abîme en refusant plus longtemps de continuer à jouer dans le film. Cette deuxième partie va ainsi apparaître comme un aveu du réalisateur sur son film impossible à réaliser, une perte de confiance en ses capacités mais surtout dans la comédie en tant que genre cinématographique du cinéma français. A quoi bon essayer de continuer un film si mauvais, semble se dire Jean Rochefort et les autres acteurs. Il n'en est évidemment rien. D'abord et avant tout, parce qu'une fois l'illusion de la fiction initiale brisée, une seconde apparait. En effet, les acteurs ne vont pas jouer leur propre rôle mais bien d'autres personnages, à savoir des acteurs se révoltant contre le système en faisant capoter le film qu'ils sont en train de tourner.

Par ce procédé, Edouard Baer n'a-t'il voulu faire qu'une simple figure de style, assez originale certes, mais qui n'apporte pas grand chose au propos du film? Ou bien, plus vraisemblablement, a-t'il voulu dénoncer les dérives d'une certaine comédie à la française, de plus en plus formatée par et pour la télévision? Ce que je retiendrai du film, outre son non-sens, sa folie, c'est surtout la touche d'espoir qui finit le film par l'intermédiaire de ... George Moustaki et de sa chanson "Et pourtant dans le monde", chant de liberté et de révolution. Non, Edouard Baer n'est pas desespéré, il veut nous montrer qu'un autre cinéma est possible et le prouve. Il nous livre un film , certes absurde et peut-être difficile à regarder pour certains, mais qui parvient à nous faire réfléchir sur certaines questions. Il réussit également à nous émouvoir à la fin du film, une émotion plus vraie et moins artifielle que n'importe quelle comédie dramatique à la sauce hollywoodienne. Un grand bravo donc à Edouard Baer.