Samedi 20 janvier, 10 h 30. Je me lève enfin après un réveil douloureux. Dans plus ou moins trois heures, commence un enterrement de vie de garçon (ou brûlage de marones pour ceux qui connaissent l'expression) organisé, euh, disons plutôt improvisé de manière organisée par mes soins. Donc, de l'entrain, du dynamisme. Ouais, ben, je vais plutôt aller chercher le journal et le lire dans mon lit. Bon début de journée, je trouve. Profondément enfui dans ma couette, je commence donc à feuilleter les pages grises de mon canard préféré. Et là, paf, en haut d'une page, je lis que nos chers services de renseignement et de sécurité vont pouvoir disposer de nouvelles méthodes de recueils de données. Un accord sur un avant-projet de loi relatif à ces méthodes a été conclu la veille au Conseil des ministres. Selon les initiateurs du projet, les ministres "socialistes" Flahaut et Onckelinckx, la Belgique ne pouvait pas combattre efficacement le terrorisme, notamment sur le plan des moyens techniques utilisés par les groupes radicaux (internet, ...). Par rapport aux autres pays occidentaux, l'arsenal juridique belge était en retard. Il fallait donc remédier au problème le plus vite possible. Avec une logique pareille, notre pays devra se résoudre à réintroduire la peine de mort lorsque les grands pays auront décidé que ce sera le meilleur moyen pour combattre le terrorisme (je sais, j'exagère un peu). Et donc voilà, grâce à ce projet de loi, la Belgique va pouvoir jouer dans la cour des grands. Mais que dit ce projet ?
Dans les grandes lignes, le projet sert avant tout à remédier à un problème majeur : la Sûreté de l'Etat était un des rares services européens de renseignement qui ne disposaient pas de cadre légal pour recourir aux écoutes téléphoniques. Outre les écoutes téléphoniques, les méthodes exceptionnelles autorisées par la loi sont diverses et variées : l'observation et l'inspection de domiciles, le contrôle du courrier postal et informatique, l'intrusion dans un système électronique, le recours à des agents travaillant sous une fausse identité, bref de quoi faire rêver tout espion du pays. Rassurez-vous, l'utilisation de ces méthodes exceptionnelles sera soumise à des balises très strictes afin de veiller au juste équilibre entre les intérêts supérieurs de l'Etat (j'abhorre cette expression qui permet entre autre d'envoyer à la guerre une population à qui on ne demande pas son avis) et les droits des citoyens. Ouf, je respire, la liberté des citoyens ne sera pas entravée. Le projet prévoit donc la mise en place de deux organes de contrôle, l'un chargé du contrôle "avant et pendant" et le second du contrôle après utilisation. Ces commissions seront composés de magistrats indépendants éclairés en matière de terrorisme. Là, c'est sûr, avec des gardes-fou pareils, aucun risque de dérapage. Pour couronner le tout, les méthodes exceptionnelles ne pourront être utilisées que dans des cas très précis : menace grave contre la Sûreté intérieure et extérieure du pays, contre la pérennité de l'ordre démocratique et constitutionnel, menaces devant toutes être liées à une activité ayant un rapport avec l'espionnage, le terrorisme, l'extrémisme et la prolifération. Certains y verront de quoi calmer leurs inquiétudes, moi, je vois surtout les dérives que cela peut (et va forcément) entraîner.
Que le pays souhaite éviter une grande attaque terroriste sur notre sol, soit, mais que pour l'éviter, elle ponde une loi aux termes suffisament vagues pour permettre les interprétations les plus dangereuses et liberticides, non. Un exemple valant mieux qu'une longue explication, je vais donc vous parler d'un cas très éclairant. La semaine passée, un passager australien a été exclu d'un vol parce qu'il portait un t-shirt assimilant George Bush à un terroriste. Selon la compagnie aérienne, la mention "Premier terroriste mondial" était suceptible de choquer les autres passagers. Lamentable ! Vous allez me demander qu'est-ce que cela à voir avec le sujet. Et bien, imaginons que vous vous promenez dans les rues de Bruxelles avec ce t-shirt quand la nouvelle loi sera d'application (ou avec un t-shirt plus belge : la photo du roi ou d'un membre du gouvernement avec la mention "nuit gravement à la démocratie"). Un fonctionnaire de la Sûreté (et oui, un espion n'est en fait qu'un simple fonctionnaire de l'état) vous repère et vous prend en photo. Il peut alors entamer la nouvelle procédure et entrer une demande permettant le recours aux méthodes exceptionnelles à votre égard. Vous voilà dans de beaux draps ! Prudence donc avec les t-shirts. En été, soyez raisonnable, ne portez plus que des t-shirts sans motif ni dessin. Et blanc de préférence. Ben oui, noir, on pourrait vous prendre pour un dangereux anarchiste (qui se fout pas mal de la pérennité de l'ordre démocratique et constitutionnel), rouge, pour un extrémiste communiste (la Sûreté intérieur de l'état est en danger), vert, pour un écolo (une menace pour l'industrie et le commerce de notre pays, ça).
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3 commentaires:
Tout le monde a poil...
CA n'a à voir que de très loin mais va donc jeter un coup d'oeil sur ceci: http://www.selor.be/examadv/AFG06024.htm
Merci pour l'info, Brian. Grâce à toi, j'ai appris que mon inscription sur le site du Selor était obsolète depuis le 1er janvier 2007. Merci de prévenir, les gars. Ou bien alors, je suis déjà victime de représailles de la part de la Sûreté de l'Etat.
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