lundi 15 janvier 2007

The Who ou la troisième roue du carrosse

Toujours dans la veine d'on ne m'a rien demandé et surtout pas mon avis, je vais tenter sous vos yeux ébahis de faire avancer un débat qui a déjà fait suer des générations de fans, à savoir plutôt Beatles ou plutôt Stones ? D'abord, moi, j'ai toujours trouvé cette question ridicule, on peut très bien aimer les deux. Je ne vois là rien de paradoxal. Moi, par exemple, qui n'aime pas les Stones (mais c'est un autre débat), j'adore à la fois Brigitte Fontaine et Led Zeppelin. A première vue, il n'y a aucun rapport entre les deux mais ça n'empêche qu'ils font partie tous les deux de mon panthéon musical (je sais des fois je m'épate moi-même avec mes expressions). Bref, là où je veux en venir, c'est que l'opposition Beatles/Stones est définitivement has been, ne fut-ce que parce qu'ils n'ont pas fait la même musique (pop rock pour les B et blues rock pour les S). Ce qui m'énerve aussi dans ce débat, c'est le fait d'exclure un tas d'autres groupes de l'époque. C'est vrai quoi, arrêtons de dire que ce sont les deux plus grands groupes de rock de l'histoire et élevons un peu le débat. Alors, voilà, je l'élève (le débat évidemment) et j'affirme qu'un groupe doit être placé sur le même piédestal que les deux autres : The Who, le groupe de rock le moins glamour de son époque.

Je ne prétends pas donner un avis de spécialiste musical mais je persiste et signe : les Who font partie des plus grands groupes, si pas le plus grand de rock du monde (cette affirmation n'est évidemment faite que pour provoquer les fans des Beattles et des Stones). Formés en 1964, les Who sont à leurs débuts associés au mouvement mods, même s'ils en ont jamais vraiment fait partie. Les mods sont, pour rappel, de jeunes prolétaires urbains qui se caractérisaient dans les années 60 par un mode de vie festif et hédoniste, développant une certaine obsession pour leur apparence physique et vestimentaire et pour la musique et la danse. Bien vite, ils (les Who, pas les mods) vont se faire connaître grâce à leur premier album, My Generation, et surtout par leur performance scénique : ils développent sur scène une énergique sauvage avec un volume sonore jamais vu à l'époque. Leur guitariste et leader, Pete Townshend, est le premier à détruire systématiquement sa guitare à la fin de chaque concert. Pendant près de 10 ans, ils vont connaître gloire et succès. En perte de vitesse dans les années 70, le groupe va connaitre une tragédie dont il ne va jamais vraiment se remettre : la mort de leur batteur Keith Moon en 1978. Néanmoins, avant ce drame, les Who vont produire des albums grandioses et se produire dans des concerts mémorables (ils furent l'un des seuls groupes à être digne musicalement du grand festival de Woodstock en 1969). Outre les deux membres déjà cités, le groupe était aussi constitué du bassiste John Entwistle et du chanteur Roger Daltrey. Sans entrer dans les détails, les membres du groupe étaient tous de fortes personnalités et eurent chacun une part d'influence dans la musique des Who (Bref, ils n'avaient pas leur Ringo Star, mais ils avaient quand même leur Brian Jones).

Ce qui est exceptionnel chez les Who (outre leur musique et leur jeu de scène), c'est leur capacité, alors qu'ils doivent survivre artistiquement avec deux des plus grands groupes de l'histoire, à créer un genre, un style musical qui leur est propre. En écoutant leurs albums, on comprend que les Who ont sans cesse expérimenté leur musique, en refusant à chaque nouvel album l'étiquette qui leur avait été collée. Dans chaque chanson (même celles qui ne sont pas terribles), il y a un moment de grâce. Il existe également un sentiment de mélancolie, de désillusion qui se dégage de leurs compositions où l'humour est toujours un peu présent. L'importance accordée aux Stones et aux Beatles s'explique par l'influence et les nouveaux champs de recherche qu'ils ont apportés au rock et à la musique en général. Je n'ai rien à redire à cela. Et l'influence des Who alors ? Ne sont-ils pas à l'origine de la musique punk (rappelons-nous leur titre My Generation et leur célèbre phrase I hope I die before I get old) ? Sans eux, des groupes aussi importants que Queen ou U2, à qui ils ont servi d'idoles et de modéles, existeraient-ils ? Et même s'ils ne sont pas les premiers à avoir crée un opéra rock (Tommy a en effet été devancé par SF Sorrow des Pretty Things), ce sont eux qui l'ont fait découvrir et apprécier du grand public (au grand désappointement de la culture punk qu'ils ont aidé à faire apparaître, mais rappelez-vous le refus des étiquettes). Bref, de fortes personnalités, de grands albums, des concerts mémorables, une influence énorme, que leur manque-t'il pour concurrencer les deux autres alors ? Rien, Mrs Walker (rassurez-vous, il s'agit juste d'une allusion à l'oeuvre des Who, en d'autres mots, je me la pète quoi). Je ne me fait aucune illusion, je n'ai certainement pas fait avancer le débat Beatles/Stones avec ce post loin d'être objectif et ne pouvant pas masquer mon manque de connaissance musicale. Bien sûr, les Who ne sont pas les plus grands (mais existe-t'il un groupe ou un artiste qui surpasse tous les autres ? Posez la question c'est y répondre), mais ne méritent-ils pourtant pas d'être considérés sur un même pied que la bande à Lennon et celle de Jagger ? Pour moi, aucun doute possible, c'est YES ! Pour qui ? Pour Who ! Pour nous ? non, pour eux ! Excusez-moi, j'ai craqué mais cela faisait tellement de lignes que j'attendais de placer un jeu de mots sur le patronyme du groupe. Pardonnez-moi mais j'ai essayé de le faire le plus merdique possible et je crois que j'ai réussi.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

La critique qui va suivre n'a aucun rapport avec le contenu du post sur lequel, j'avoue, je ne pourrais pas dire grand chose. Je me contenterai donc de dire que ton texte est admirablement "mis en scène" (c'est la première expression qui me vient à l'esprit, désolé si elle n'est pas tout à fait adéquate), c'est épatant...

Unknown a dit…

Quelle idée de se reformer en tout cas... ça va casser le mythe c'est sûr !! Imagien un peu la désillusion du groupe: les Who sont maintenant associer, pour les jeunes générations, à la série des Experts... faut dire que pour ces jeunes, My generation est un tube de Limp bizkit

Littleclio a dit…

Coucou

je découvre enfin ton blog... je ne savais pas que tu en avais un. Excellent post sur The Who que j'aime beaucoup enfin surtout Pete.

Bisous et à bientôt

Poutou a dit…

D'abord merci pour ton commentaire élogieux. Mais je trouve que Keith Moon, c'est quand même autre chose, une fois.

Anonyme a dit…

Je pense que la reformation des Whos sera jamais comparable au cirque marchand des Stones et autres groupes "cultes" qui ont renoncé depuis trop longtemps à faire de la musique. Les Who ont toujours su être un groupe à part, de par leur démarche critique vis à vis du rock, une démarche un peu à la Zappa, je trouve, toute proportion gardée, au sens où lui n'a jamais fléchi alors qu'eux ont craqué. Pete Townsend est devenu un gentil, son insolence il l'a remisée au passé en faisant pénitence et les critiques lui ont fait payé cher …. C’est à ces critiques là que s’adressait zappa à qui lui aussi ont a demandé de se repentir jusqu’à la fin, et contrairement à Pete, il a su dire non en affirmant encore à quelques mois de sa mort « I am totally unrepentant ! ». C’est bien de voir que Townsend se soit remis de tout ce qu’on lui a fait subir, moi ça ne me dérange pas que la musique des Who soit redevenue une musique de masse via une série. L’important c’est la musique, et comme vous le savez tous, « Music is the best ! ». Tant pis si ce qu’ils joueront sera forcément adouci, privée de Moon et d’Entwistle : Pete Townsend, à la guitare et au chant, n’a pas changé d’un poil, toujours aussi tendu, toujours aussi martial, et je ne doute pas qu’il saura réveiller un Daltrey porté à l’autocaricature.
http://zcommezappa.free.fr

Anonyme a dit…

Je suis d'accord avec vous sur le fait que la bipolarisation Beatles/Stones... mais je ne comprends pas pourquoi vous ramenez les Who dans cette histoire.

Vous évoquez S.F. Sorrow des Pretty Things, qui n'a effectivement pas eu le même succès commercial que Tommy. Pourquoi ne pas aller plus loin ? Si les Pretties sont restés dans l'ombre, c'est peut-être parce qu'ils étaient, dans le fond, plus intègres que les Who... S.F. Sorrow est incontestablement plus dense que Tommy, avec ses longueurs insupportables ("Underture"), ses passages ridicules ("A soooooon ! A sooooon !")...

Et si on parle des Who, comment ne pas parler des Kinks ? Ray Davies est le maître reconnu de Pete Townshend. Mais pour le coup, l'élève n'a pas dépassé le maître... Face to Face, Something Else, Village Green, Arthur, Muswell Hillbillies sont autant d'albums parfaits. Les Who, eux, n'ont jamais troussé d'album parfait de bout en bout.

Bref, les Beatles et les Rolling Stones n'étaient pas seuls. Mais associons-leur des cadors comme des Kinks, pas des groupes surfaits.