dimanche 25 février 2007

Le travail ou la honte

Je l'avoue tout de suite, je n'avais plus l'envie d'écrire depuis quelques temps, et ce pour des raisons diverses et variées que je ne développerai pas ici. L'une est cependant très simple : je travaille depuis deux semaines. Je n'ai donc plus des journées entières de chômeur pour réfléchir à des sujets intéressants et composer des textes passionnants et passionnés (hum, hum). Ce qui explique donc en partie mon silence. Ah, le travail, quel joie ! Depuis que j'ai trouvé, je baigne dans un état à la fois d'euphorie et de béatitude. Pourquoi cet état ? Et bien, je me sens déjà beaucoup mieux dans ma peau, je ne vis plus avec l'angoisse permanente de ne pas avoir de boulot. Je n'ai plus à supporter les remarques désobligeantes de personnes (j'espère qu'ils se reconnaitront) disant derrière mon dos des conneries du style : s'il ne trouve pas de travail, c'est qu'il ne cherche pas vraiment. Bande de cons ! Je vous envoie d'ailleurs officiellement mes insultes les plus plates. Bref, pour résumer en un mot, depuis que je ne suis plus chômeur, mon statut social s'est nettement amélioré, à mes yeux et aux yeux des autres. J'en suis d'ailleurs très content. Et, c'est là, quand j'y réfléchis un peu, que je me dis qu'il y a un problème profond dans la société dans laquelle nous vivons.

Pourquoi avais-je honte de ne pas travailler depuis longtemps ? Etait-ce vraiment si humiliant que ça ? Une société où le fait de ne pas travailler est considéré comme un délit grave est une société qui ne tourne pas rond. Enfin, c'est mon point de vue. Pourquoi le travail (j'entends évidemment par ce mot l'activité rémunérée) est le principal objectif de (sur)vie de milliards de gens sur terre ? Parce qu'ils font gagner de l'argent, me diront les plus capitalistes d'entre vous. Ouais, excusez-moi, mais cela ne me suffit pas comme explication, d'autant plus que le problème pourrait être très facilement réglé en abolissant l'argent de la surface de la terre. Mais je ne veux pas entrer pour le moment dans ce long débat. Je voulais juste dire que, depuis que je travaille, je suis à la fois très heureux et très malheureux d'être heureux. Si vous ne comprenez pas, allez rejoindre mes "amis" qui doivent sûrement trouver d'autres conneries à dire sur mon dos, du genre : s'il a accepté ce travail, c'est qu'il n'a vraiment aucune ambition dans la vie. Que dire à des gens dont l'unique préoccupation est leur petite gueule et leur statut social ? Moi, en tout cas, je n'ai rien à leur dire.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est étrange comme il y a parfois des coincidences. Vendredi midi je m'énervais sur deux fonctionnaires visiblement aigris qui affirmaient haut et fort que la Belgique avait bien besoin d'un Sarkozy pour se redresser parce que lui au moins il "valorisait le travail". Voloriser les travailleurs en descendant ceux qui n'ont pas d'occupation professionelle, en les pointant du doigt, en les traitant de profiteurs, voici un acte bien mesquin. Dans mon cas, je travaille pour à terme faire des choses que j'ai toujours voulu faire mais que malheureusement je n'aurais pas pu faire sans argent. En aucun cas je ne jalouserai ou critiquerai ceux qui choisissent d'autres chemins. Et puis n'oublions pas que le travail est avant tout (en tout cas pour moi) une forme de relation sociale. Vu de cette manière il nous apporte parfois des choses agréables et inattendues. Profitons-en donc, et profites-en, sans aucune retenue.

Brian Booth a dit…

Ah, tu n'as rien à leur dire? C'est pas juste que tu tires la gueule depuis une semaine, alors!

Et moi qui croyais après ton commentaire que c'était parceque l'Italie n'avait pas encore gagné un seul match en tournoi des VI nations ;)

Sur la question du travail, je crois que le problème est mal posé et, indirectement, fredo le ramène à sa dimension la plus contemporaine. Je pense que l'essence de l'exclusion du chomeur, ce n'est pas qu'il n'a pas de travail - c'est que ce n'est pas un consommateur à part entière. Et donc un "mauvais citoyen" dans une société de consommation. Son aspect (in)productif est relativement secondaire dans cette perspective.

Cela dit, je suis content que tu ais trouvé un boulot, et plus encore qu'il te plaise. J'espère qu'il ne t'empechera pas de continuer d'alimenter tes savoureuses chroniques (même avec des groupes provinciaux liégeois ;) )

Je ne te fais pas la bise: parait que je suis contagieux...

Anonyme a dit…

Pour nuancer un peu, je précise qu'on peut effectivement lire mon commentaire comme la volonté par le travail de s'inclure dans ce qu'on appelle "la société de consommation" mais je précise également qu'en disant "des choses que j'ai toujours voulu faire mais que malheureusement je n'aurais pas pu faire sans argent", il y a des éléments sans valeur directement "commerciale". Un exemple concret, la première chose pour laquelle j'ai travaillé était le financement de mes études. Ca aussi je n'aurais pas pu le faire sans argent.